Installer des panneaux photovoltaïques au-dessus de champs, vergers ou pâturages, c’est ce qu’on appelle l’agri-solaire, et cela présente plusieurs avantages pour protéger les cultures des aléas climatiques, et produire de l’énergie verte. La Région Nouvelle-Aquitaine entend structurer cette filière « pour conforter son engagement dans la transition énergétique ».
Pour la Nouvelle-Aquitaine, l’agri-solaire est une solution répondant à trois enjeux, comme elle l’explique dans un communiqué : « développer les énergies renouvelables », « tirer bénéfice du rôle protecteur des panneaux pour les cultures (protéger du gel ou des rayonnements solaires par exemple) », et « permettre aux exploitations agricoles de diversifier leurs sources de revenus » sans perte de surface exploitable.
Dans cette optique, elle a été la première Région à lancer un appel à projets sur l’agri-solaire en 2019, (deux ans après des premiers appels à projets du ministère de l’Environnement). En 2019-2020, les aides s’élevaient à 1,1 million d’euros. « Cet appel à projets a vocation à être reconduit annuellement », assure le conseil régional.
Sept projets se sont partagés cette enveloppe jusqu’à maintenant, dont certains concernent l’élevage. Selon une étude de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’ombre apportée par les panneaux solaires pourrait jusqu’à doubler la croissance de l’herbe au profit des ovins et bovins. Pour les poules et les canards, les panneaux pourraient également être une protection contre la prédation et contre les contaminations de maladies transmises par les oiseaux migrateurs.
Dans d’autres projets, ce sont des végétaux que couvrent les panneaux photovoltaïques. C’est le cas avec Vitisolar 2, à Villenave-d’Ornon, en Gironde. 2 000 m2 de vignes de merlot sont surplombés par des panneaux photovoltaïques orientables.
L’expérimentation est portée par plusieurs partenaires : EDF (volet énergétique et développement d’un algorithme de pilotage des panneaux pour qu’ils laissent passer la bonne quantité de lumière), Inrae (étude d’impact sur les cultures pendant 5 ans), l’entreprise Exosun (fabrication des panneaux), l’Université de Bordeaux, la Chambre d’agriculture de la Gironde, l’Ademe, l’Union européenne,… Des premiers résultats d’impact sont attendus fin 2022, avant une potentielle reproduction du modèle.
Une réponse au réchauffement climatique
Parmi les motivations à soutenir la filière agri-solaire, la Nouvelle-Aquitaine met en avant le fait qu’elle est la première région agricole française (en valeur économique), mais aussi une de celles qui seront les « plus impactée[s] par les conséquences du changement climatique : hausse des températures, raréfaction de l’eau, augmentation des aléas météorologiques comme les gelées tardives ou les périodes de sécheresse », selon les projections du Giec.
Pour aller plus loin, il est possible de visionner le webinaire « Agri-solaire : Enjeux agronomiques, expérimentations et offreurs de solutions en Nouvelle-Aquitaine » qui a réuni les nombreux acteurs impliqués en juillet 2021.