Vu du ciel, cela ressemble à un quartier résidentiel comme un autre : des groupes de maisonnées en bardage bois et larges baies vitrées, dehors des carrés potagers et quelques jeux pour enfants, un peu plus loin un étang avec une passerelle…
Pourtant vivent ici 120 personnes atteintes d’Alzheimer, à tous les stades de la maladie. Il y a eu en amont du chantier un gros travail architectural pour concilier sécurisation (à cause de la désorientation et envies de fuites fréquentes avec cette pathologie), et sentiment de liberté pour les résidents. Concrètement, le village est entouré de barrières en bois de 1,80 m, “mais entre les bardages des bâtiments et l’aménagement paysager, visuellement ils ne se rendent pas comptent qu’ils sont enfermés », décrit Mathilde Charon-Burnel, du service communication du Département des Landes.
Souplesse et ouverture
Une liberté qu’on retrouve aussi dans les tâches du quotidien, à l’intérieur des maisonnées où vivent 7 ou 8 malades. “L’aide à domicile va par exemple leur proposer qu’ils préparent ensemble le repas. Ça peut donner envie de manger à certains résidents. On est loin de l’organisation millimétrée où, à 12h15, ça sonne, il faut manger, même de force”, compare Mathilde Charon-Burnel.
Le village Alzheimer a été construit à Dax “de manière à être ouvert, comme n’importe quel quartier de la ville”, ajoute-t-elle. On y trouve ainsi un café-restaurant, une médiathèque, un pôle de santé pluridisciplinaire, encore un salon de coiffure, normalement accessible aussi bien aux résidents qu’aux autres Dacquois. “Le Covid ne nous a pas encore permis cette ouverture sur l’extérieur, mais on a toujours cet objectif”.
D’autres départements s’en inspirent
Pionnier en France, le village landais sert désormais de modèle. Deux ans après l’arrivée des premiers villageois, peu de choses ont dû être revues dans l’organisation dacquoise. Des délégations – tchèques, japonaises, mais aussi d’autres départements français – ont déjà fait le déplacement pour s’en inspirer. Dans l’Hexagone, des projets sont en cours à Châlons-en-Champagne et dans le Gers notamment.
Il faut dire que si la construction est coûteuse (à Dax 28,8 millions d’euros investis dont 20,4 millions par le Département des Landes), “sur le fonctionnement ce n’est pas beaucoup plus lourd qu’un autre établissement” type Ehpad, assure Mathilde Charon-Burnel. Pour les résidents aussi, le prix de journée est dans la moyenne des Ehpad publics landais.
Environ 1 million de personnes sont touchées par Alzheimer en France, soit 8% des plus de 65 ans. De nombreuses familles sont sur liste d’attente dans les Landes, et dans les autres régions, à la recherche de ce type d’alternatives aux Ehpad traditionnels. Elles espèrent ne pas être oubliées.