Douce France. Le pays vanté par Charles Trenet a de quoi se réjouir de sa qualité de vie. Elle permet notamment de vivre vieux, de battre des records d’Europe, de compter près de 30 000 centenaires. Vieux, mais pas en bonne santé. La dépendance affecte un grand nombre de personnes âgées. Or, contrairement à une idée reçue, « la perte d’autonomie n’est pas la conséquence inéluctable du vieillissement », note un rapport de la Cour des comptes rendu en novembre dernier. Les sages de la rue Cambon en tirent tout naturellement la proposition d’une politique offensive en matière de prévention.
Toujours critique à l’égard du morcellement des acteurs qui entraîne souvent un doublement inutile et coûteux de l’offre de service, la Cour dénombre une multitude de financeurs, des collectivités locales aux caisses de retraite, des agences de santé à la sécurité sociale, des bailleurs sociaux aux mutuelles… Et la liste n’est pas exhaustive. Les dépenses générées sont de ce fait difficiles à estimer rigoureusement, allant de 460 millions d’euros annuels pour les aides techniques (fauteuils, déambulateurs, cannes…), prises en charge par l’assurance maladie, aux 300 millions d’actions sociales de la Cnav.
Le maquis des procédures
Les usagers ne savent parfois pas à qui s’adresser et se perdent dans le maquis des aides. Le rapport, qui propose d’unifier les procédures, cite plusieurs cas d’embouteillage bureaucratique, comme le classement en groupe isoressource (GIR) qui permet d’évaluer le niveau de la perte d’autonomie. Problème : malgré la loi ASV, ce classement n’est pas le même selon que l’on s’adresse aux départements ou aux caisses de retraite, « ce qui conduit à des évaluations redondantes et à renvoyer les demandeurs d’un guichet à un autre ».
Le rapport fait une suite de propositions pratiques. Par exemple, sur la prévention des chutes, cause de 10 000 décès par an chez les plus de 65 ans, en limitant les mauvaises conséquences médicamenteuses, en adaptant le domicile, en faisant pratiquer une activité physique, « mais la France néglige ce domaine ; elle n’a d’ailleurs plus d’objectif de santé publique en la matière et pas de suivi centralisé».