Championne du monde du « zéro déchet », San Francisco ? Au début des années 2000, la ville de la côte ouest américaine était la plus ambitieuse de la planète en la matière. Vingt ans plus tard, le retour d’expérience, mitigé, est instructif sur les pistes à suivre et les limites.
Plus aucun déchet incinéré ou enfoui en 2020 : tel était l’objectif que s’était fixé en 2002 la Ville de San Francisco. Les premières années, la réduction a été spectaculaire jusqu’à atteindre le score de 80 % de recyclage. Une fierté locale au point que les éboueurs font partie de la parade annuelle de la ville (voir photo ci-dessus).
Mais depuis le milieu des années 2010, les chiffres stagnent et les décharges San Francisco enfouissent toujours environ 400 000 tonnes d’ordures chaque année (soit environ 450 kg par habitant).
Un chiffre bas vu les habitudes américaines (en 2000, avant la mise en place des mesures, San Francisco enfouissait près du double), mais de nombreuses villes européennes et françaises font mieux actuellement.
Cet objectif de “zéro déchet” s’avérant impossible à atteindre, la maire, London Breed a revu les ambitions à la baisse en 2018 : s’engageant à réduire de 15 % la production totale de déchets et de 50 % leur mise en décharge avant 2030, par rapport aux quantités de 2015.
« Nous maintenons notre engagement vers le zéro déchet, mais nous sommes réalistes quant aux défis », déclarait alors Peter Gallotta, porte-parole du service de l’environnement de la ville.
Il justifiait : « Les conditions ont considérablement changé depuis 2000 […] Nous avons adapté et élargi les programmes, les installations et la sensibilisation pour faire face à l’évolution des comportements des consommateurs, à la croissance démographique, à l’augmentation du nombre d’employés et au boom actuel de la construction et de l’économie. »
Trois poubelles, un bonus-malus et beaucoup de compost
En quoi consiste donc la “méthode San Francisco” ? La mesure avec le plus d’impact a été, en 2009, de rendre obligatoire, pour les entreprises et les particuliers, de recycler et composter ses déchets.