Le marché du cannabis fonctionne selon un organigramme millimétré dans un cadre très hiérarchisé. Les entorses aux codes sont violemment réprimées et finissent souvent par des règlements de comptes mortels. Dans cet univers parallèle, qui fait quoi, et pour quel revenu ?
Le baron du cannabis est bel et bien une réalité dont le train de vie fastueux alimente bien des fantasmes sur un monde qui compte en son sein un véritable lumpenprolétariat.
Il est vrai qu’au sommet de la hiérarchie, le semi-grossiste — autrement dit l’importateur, le grossiste étant installé, lui, dans le Rif marocain — dispose d’un stock annuel supérieur à la centaine de kilos à répartir auprès d’un premier réseau de revendeurs par lots de 3 à 5 kilos, avec une marge estimée à 30 % du prix d’achat. Sachant qu’il peut pratiquer en marge de la vente directe en doublant, voire en triplant le prix d’achat.
Des rôles très précisément définis
Ce premier échelon revend à un second qui ira au contact de l’usager, avec une marge identique de 30 %, mais par lots d’un kilo. On atteint ici le bas de la pyramide.
Une pyramide dans laquelle les rôles sont très précisément définis. Le revendeur de bas d’immeuble est un « charbonneur », protégé dans ses activités par un « chouf » (de l’arabe « regarde »), un préadolescent doté de talents de physionomiste chargé du guet dont on imagine qu’il fait ses classes avec l’espoir de grimper dans la hiérarchie.
90 € par jour pour les guetteurs
Cette hiérarchie sociale établie, il s’ensuit tout naturellement son pendant en rémunérations. Au sommet de l’échelle, les revenus du semi-grossiste sont estimés entre 500 000 et 800 000 euros par an, soit l’équivalent du salaire d’un PDG de grande entreprise, mais ils sont peu à partager ce statut.
À un stade intermédiaire, un « gérant » qui a la main sur plusieurs réseaux de revendeurs (à ne pas confondre avec les « charbonneurs ») peut encaisser jusqu’à 250 000 euros par an. Revers de la médaille, c’est lui qui écopera des peines les plus lourdes s’il est pris.