« Le chemin est encore long », pour démocratiser l’accès à une alimentation de qualité pour tous, déclare Dominique Paturel (1), chercheuse à l’INRAE. Et de rappeler, qu’à partir des années 1970, nous avons assisté à une libéralisation des marchés qui a entraîné le développement d’une agriculture intensive tournée vers les exportations. Ce mouvement s’est accompagné d’une dépolitisation de l’alimentation, dans un contexte de libéralisation des produits agricoles. Les biens alimentaires sont alors devenus des marchandises comme les autres, pouvant être soumis au rapport de force de l’offre et de la demande, de l’offrande et de la bienfaisance marchande. Il faut attendre le Sommet mondial de l’alimentation de 1996 (2) pour contrer cette vision dominante et voir apparaître l’enjeu de l’alimentation durable, ainsi que celui de la qualité nutritionnelle. En marge de ce sommet, le mouvement international La Via Campesina franchissait une étape importante en revendiquant la notion de souveraineté alimentaire. C’est dans ce contexte que le concept de démocratie alimentaire est élaboré par Tim Lang, professeur de politique alimentaire au Centre for Food Policy à la City University de Londres, dont il est fondateur. Il souligne alors dans un article publié en 1998 que « les capitaux privés semblent usurper le droit du gouvernement de définir des politiques et de gouverner. Cette tendance suggère que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la lutte à long terme pour ce que nous pourrions appeler la démocratie alimentaire, l’inverse du contrôle alimentaire… J’utilise l’expression “ démocratie alimentaire” pour souligner la grande lutte au cours des siècles, dans toutes les cultures, pour permettre à tous les citoyens d’avoir accès à une alimentation décente, abordable et bénéfique pour la santé, cultivée dans des conditions dans lesquelles ils peuvent avoir confiance. » (3)
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